Jerry Schatzberg, portrait paysage (2022) - court métrage de P. Filmon

Bonus

Le miracle de ce film a été sa Première Mondiale en Sélection Officielle à la Mostra de Venise 2022 (merci Alberto Barbera, Angela Savoldi et Michel Ciment), moment magique qui a permis à ce petit film de sortir de l’anonymat où risquait de le cantonner son économie (no-budget film), sa mise en place très simple (un tournage en un plan-séquence unique de 75 minutes) et pourtant son inattendue complexité (un personnage-sujet d’un abord extrêmement charmant, amical et facile, qui porte un soin tout particulier à toutes ses apparitions publiques, au point d’interdire strictement de nombreux projets de films sur lui).

L’histoire, en quelques mots
L’univers photographique de Jerry Schatzberg, de Faye Dunaway à Bob Dylan, en passant par Andy Warhol, Fidel Castro, Frank Zappa, Les Beatles, Sharon Tate ou Al Pacino.

Genèse
Générique

Genèse

Quand je filmais CLOSE ENCOUNTERS WITH VILMOS ZSIGMOND, j’ai eu la chance d’avoir plusieurs invités de marque, dont Jerry Schatzberg, grand photographe américain des années soixante devenu cinéaste avec une Palme d’Or, découvreur de talents comme Al Pacino, Morgan Freeman ou Guillaume Canet…

Une amitié est née. Nous nous sommes vus régulièrement au cours des années suivantes, lorsque Jerry faisait étape à Paris. Je lui proposais à chaque fois de faire un film avec lui, avec une idée différente à chaque fois. Il me regardait et me disait, non, sur le principe, je ne suis pas contre mais il faut trouver une idée originale. Je me creusais à nouveau la tête et revenais l’année d’après avec une autre idée. Toujours pas. Jusqu’à ce que je le retrouve en 2019, à la veille du vernissage de sa dernière exposition de photographies en France, près de Paris. Je lui demandai alors : »As-tu quelqu’un qui te filme demain ? ». Il m’a répondu : »Non. »… Puis après un temps « Pourquoi, ça t’intéresse ? ». J’ai dit « Oui, carrément, ça m’intéresse ! ». Il m’a dit : « OK alors. »

Le jour même, en rentrant chez moi, j’ai appelé le chef opérateur d’ENTRE DEUX TRAINS, Olivier Chambon, et Philippe Grivel, le preneur de son du film. « Les amis, ça vous dirait d’aller filmer Jerry Schatzberg demain au vernissage privé de son expo ? ». Ils m’ont dit oui tout de suite. Et par chance, Michel Ciment s’est joint à cette aventure improvisée pour en être l’ami parfait, l’interlocuteur idéal (lui et Jerry se connaissent depuis plus de cinquante ans) du… plan-séquence que nous allions tourner, dans l’urgence. On n’avait que soixante-quinze minutes à disposition. Olivier m’a dit : « On tourne une séquence du film à venir ? ». J’ai répondu : « Non, on tourne le film entier. »

Et c’était parti, un one-shot, c’est-à-dire, un plan que l’on ne pourrait par refaire puisque l’expo serait ouverte au public juste après. On s’est jeté tous les trois dans ce plan-séquence. Et le film est le résultat de ce travail, modelé par deux sessions de montage avec Anouk Zivy, une première l’été qui a suivi, et une seconde, trois ans plus tard, lorsque Jerry a enfin signé son droit à l’image et qu’Alberto Barbera a sélectionné notre film pour faire partie de la Sélection Officielle de la 79è MOSTRA de Venise en septembre 2022.